Le doux visage de Madame Halimi s’est inscrit ce jour-là en nos souvenirs, au côté de tous ceux que les assassins nourris à la haine des Juifs ont soustraits au monde des vivants.
«Plus jamais ça»?
Il y eut les vexations, les humiliations, les discriminations, les persécutions, les expulsions et les pogroms millénaires, en Europe occidentale, à l’Est, au Maghreb et au Machrek, orchestrés par les pouvoirs, exécutés par leurs sbires, perpétrés par des populaces nourries du fiel de la superstition, des préjugés et des rumeurs, de l’ignorance et de la peur, les évictions, les épurations, les massacres de masse, la tentative de l’extermination dans l’horreur mécanique de la Shoah, les crimes d’État soviétiques. Il y eut les écrits antijuifs de Drumont, Maurras, Céline, ceux des négationnistes Bardèche, Rassinier, Faurisson… dont le fantasme d’éradiquer jusqu’à la
mémoire des victimes compte d’actifs héritiers. Leurs mots s’exportèrent sur le continent américain et dans les pays arabes avec les nazis en fuite, avec Mein Kampf, le faux des Protocoles des Sages de Sion, le faux Talmud de Pranaitis. Puis avec Internet.
Toujours ces mots, préludes aux actes
Il y eut le primo-terrorisme palestinien, les bombes à Munich, à Orly, rue Copernic, rue des Rosiers, et l’avènement de l’antisionisme éradicateur prisé tant des leaders de l’extrême droite que des révolutionnaires d’ultra-gauche. Il y eut, assourdies autant qu’incessantes, des agressions, des tentatives de meurtre, des profanations. Il y eut la montée en puissance de Soral et Dieudonné, répandant durablement, auprès de publics très hétéroclites, des discours construits comme de puissants leviers pour un antisémitisme obsessionnel et protéiforme. Toujours ces mots, préludes aux actes.
Soral et Dieudonné ont répandu
durablement un antisémitisme
obsessionnel et protéiforme.