Responsabilité pénale et folie : un ancien débat toujours d’actualité

Patrick Bantman

Patrick Bantman est psychiatre honoraire des hôpitaux, ancien chef de pôle et ancien expert auprès des tribunaux de Paris et de Créteil. Il a notamment dirigé l’ouvrage Croyances et Religions, paru en 2018 chez In Press.

La question de la responsabilité du malade mental est en France une question ancienne, que la récente irresponsabilité de l’assassin du docteur Sarah Halimi a rendue insupportable en l’état de la science, et scandaleuse à bien des égards.
En 1871, le docteur Legrand du Saulle préconisait «l’analyse des actions qui demeurent imputables et la détermination, autant que possible, de la somme d’intelligence qui restait au pouvoir du prévenu au moment du délit». À l’époque, déjà, il apparaissait que l’attribution «théorique d’une irresponsabilité à tous les actes commis par un délirant était peu satisfaisante». Il en est de même dans l’affaire Sarah Halimi. Cette histoire d’irresponsabilité du malade mental, sur laquelle bon nombre d’historiens et de philosophes ont écrit, n’est toujours pas réglée, et n’est pas près de l’être… Je suis en effet de ceux qui pensent que la réforme à la va-vite votée en janvier 2022 sur la suppression de l’irresponsabilité en cas de consommation volontaire de psychotropes ne règle pas le problème. Elle a même été dénoncée par les associations de psychiatres.
Sur le plan historique, la «médecine mentale» et la psychiatrie ont conquis, au XIXe siècle, un territoire particulier par une délégation de pouvoir en ce qui concerne la «déviance». Et nous en sommes toujours là en France en 2022!

[...] Suite de la contribution dans le livre L'invisible de la rue Vaucouleurs

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