Le meurtre, il y a bientôt six ans, de Sarah Halimi, avait provoqué une immense émotion en France.
Cette émotion, elle était suscitée certes par les circonstances effroyables de la mort d’une personne bonne et aidante dans un quartier où elle était bien connue et appréciée, mais aussi par les déclarations et la personnalité de l’assassin, lequel entendait dans son délire viser une Juive. Elle fut amplifiée par le processus judiciaire qui aboutit à confirmer l’irresponsabilité pénale du meurtrier, tout en constatant le caractère antisémite du crime, suscitant, in fine, une incompréhension totale et même une indignation.
Le gouvernement avait tenté, et je peux admettre sa logique, de résoudre cette contradiction en mettant en chantier une réforme du Code pénal pour tenir compte, selon le garde des Sceaux, « de la prise volontaire de substances toxiques par un individu, conduisant à l’abolition de son discernement ».
Force est de constater que la loi du 24 janvier 2022 n’a pas apaisé les esprits.
Comment répondre au sentiment profond, durable et, il faut le reconnaître, hélas justifié, des Juifs de France d’être les victimes de formes nouvelles d’antisémitisme, récurrentes, puisque revenant par vagues, et excusées par certains au nom d’un antisionisme militant ?
Dénoncée par les magistrats et les praticiens du droit, mais aussi par les psychiatres, elle pose au final davantage de questions qu’elle n’en résout. Car aurait-elle pu être appliquée dans le cas d’espèce ? Quand commence l’acte volontaire et quand intervient l’abolition du discernement ? Quand un individu s’en prend à un Juif parce que juif, peut-il s’exonérer d’être antisémite au prétexte qu’il aura pris certaines substances ?
Surtout, elle souffre de ne pas être la réponse adaptée, selon moi, à l’interrogation primordiale soulevée par l’assassinat de Sarah Halimi.
Comment répondre au sentiment profond, durable et, il faut le reconnaître, hélas justifié, des Juifs de France d’être les victimes de formes nouvelles d’antisémitisme, récurrentes, puisque revenant par vagues, et excusées par certains au nom d’un antisionisme militant ? Ces agressions s’ajoutent au vieux fonds antisémite qu’aucun pays ne peut se targuer d’avoir définitivement éradiqué et qui se camoufle parfois dans un discours violemment anticapitaliste qui commet des rapprochements honteux.
La France ne serait pas ce qu’elle est sans la contribution des Juifs à notre vie en commun, et, pour être chez eux, les Juifs ont le droit d’exiger de la République protection et affection.
C’est cette dérive qu’il faut combattre, en s’attaquant en priorité à la haine qui se déverse sur les réseaux sociaux et qui vise notamment les Juifs.
J’ai écrit que la France ne serait pas ce qu’elle est sans la contribution des Juifs à notre vie en commun et j’ai ajouté que pour être chez eux, les Juifs ont le droit d’exiger de la République protection et affection.