L’image des juifs dans les manuels d’histoire

François Heilbronn

François Heilbronn est professeur des universités associé à Sciences Po, vice-président du Mémorial de la Shoah et président des Amis français de l’université de Tel Aviv. Il publie en 2023, chez Stock, Deux étés 44.

Dans l’imaginaire antisémite en France, les Juifs sont, pour l’extrême droite, des étrangers à la nation et, pour des minorités engagées dans une concurrence victimaire, des immigrés qui ont trop bien réussi.

Et pourtant, la présence des Juifs en France est plus que bimillénaire. Israël Bédarride écrivait, en 1859 : «La Gaule narbonnaise, la celtique, l’aquitaine, avaient des Juifs plus de cent ans avant l’ère chrétienne.» Le premier Juif célèbre ayant vécu en Gaule fut Hérode Archélaos, tétrarque de Judée, exilé avec sa cour par Auguste à Vienne, en l’an 6. Son frère, Hérode Antipas, fut exilé en 39 à Lugdunum avec sa femme Hérodiade et sa belle-fille, la princesse Salomé (celle de la danse dans l’Évangile). Ils moururent tous en Gaule.

Divers vestiges attestent de la présence juive au Ier siècle, parmi lesquels une lampe à huile ornée d’une menorah découverte à Orgon, près de Arles.

Présents sans presque discontinuer depuis deux mille ans, en Gaule puis en France, les Juifs sont pourtant une «tache aveugle» dans le récit national. Ils n’y sont évoqués que sporadiquement et en persécutés (croisades, affaire Dreyfus, Shoah).

Présents depuis deux mille ans,
en Gaule puis en France,
les Juifs sont une «tache aveugle»
dans le récit national.

[...] Suite de la contribution dans le livre L'invisible de la rue Vaucouleurs

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