Le judaïsme de Sarah Halimi, preuve de sa « culpabilité »

Carol Iancu

Carol Iancu est professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Paul-Valéry de Montpellier et membre d’honneur de l’Académie roumaine. Il a publié en 2017 aux éditions Privat (2 e éd.) Les Mythes fondateurs de l’antisémitisme. De l’Antiquité à nos jours.

La regrettée Sarah Halimi était « coupable » ! En quoi réside sa « culpabilité » ? Dans le fait d’être juive. C’est l’élément essentiel à l’origine des mythes fondateurs de l’antisémitisme : les Juifs seraient un peuple maudit, une race nocive, s’identifiant avec le mal absolu et qui, pour les extrémistes affectés par la haine antijuive, ne mériteraient pas de vivre. En fait, « coupables d’être nés ». La manifestation la plus terrifiante de l’antisémitisme est la Shoah, dont le caractère unique réside dans la politique du régime hitlérien et de ses collaborateurs européens : faire disparaître à jamais une catégorie d’hommes, de femmes et d’enfants en raison de leur origine.


Une haine toujours à l’affût


Mais cette haine n’a pas disparu avec la fin du IIIe  Reich nazi, elle est toujours présente. Je l’ai rencontrée dans mon enfance dans ma Roumanie natale, où je fus marqué par les récits pathétiques des survivants de la Shoah et par le maintien des calomnies médiévales. Constatant le lien entre la permanence de l’antisémitisme et la persistance des légendes accusatrices, je me suis investi dans un ample travail, paru sous le titre Les Mythes fondateurs de l’antisémitisme. De l’Antiquité à nos jours, qui déconstruit les stéréotypes antijuifs et dénonce la propagande islamiste djihadiste et « antisioniste » décomplexée, niant même le droit à l’existence de l’État d’Israël. Un phénomène qui s’est radicalisé et manifesté en France par une vague d’attentats terroristes dans laquelle s’inscrit le meurtre immonde de Sarah Halimi.


Un fraternel hommage d’amour


Au-delà de sa mort, qui appelle à une constante vigilance, il importe de se souvenir qu’elle a servi, en tant que médecin, des personnes de tous horizons, avec abnégation, dans le respect de la dignité et de la vie humaine.
L’initiative inspirée de Monsieur Guy Bensoussan et le haut patronage du grand rabbin Haïm Korsia offrent à Sarah Halimi, si attachée à son identité juive, preuve de sa « culpabilité », un fraternel hommage d’amour, et une tribune pour décrier « la plus longue haine de l’histoire ».

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