S’il est une chose particulièrement tragique quand on parle de la mémoire de Sarah Halimi, c’est l’emploi, devenu usuel, de l’expression «l’affaire Sarah Halimi». Je ne connais qu’un épisode de l’histoire des Juifs de France pour lequel on emploie la même formulation : l’affaire Dreyfus. Chacun sait en quoi le sort du capitaine Dreyfus a constitué une affaire : la cabale menée contre lui, paradigme de l’injustice, mais aussi l’opposition frontale entre deux France, celle de ses défenseurs et celle de ses accusateurs, puis le long parcours vers sa réhabilitation.