Chaque acte antisémite conforte l’axiomatique sioniste

Claude Klein

Claude Klein est professeur émérite à la Faculté de droit de Jérusalem et ancien doyen. Il a publié chez Grasset en 2014 Peut-on cesser d’être juif? Une réponse à Shlomo Sand.

Avant mes voyages en France, on me pose souvent une question : «N’est-ce pas dangereux pour un Juif d’aller en France, n’as-tu pas peur?» Telle est, aux yeux de nombre d’Israéliens, l’image de la France. C’est cette perception que je présenterai, pour comprendre la réaction à des faits tels que l’assassinat de Sarah Halimi en 2017, suivi de la déclaration d’irresponsabilité de l’auteur du meurtre.
L’image la plus répandue relative à la France et l’antisémitisme est très prégnante, malgré l’admiration portée à ce pays. Cette image relève de plusieurs niveaux historiques distincts.
Le premier, sans doute le plus pesant dans la conscience collective, est le souvenir de l’affaire Dreyfus. Ici, jamais on ne parle de l’affaire Dreyfus, mais du procès Dreyfus. Celui-ci a pris une signification particulière : d’un côté, l’injustice, quasi symbolique, à l’égard du Juif bien assimilé, capitaine dans l’armée française; de l’autre, cette affaire considérée comme l’origine du sionisme. Dans cette manière de voir quelque peu caricaturale, on imagine Herzl qui assiste à la dégradation du capitaine et, révolté par les cris antisémites de la foule, s’enferme dans sa chambre d’hôtel pour rédiger, en quelques semaines, L’État des Juifs. L’antisémitisme français est ainsi indissociablement lié à la naissance de l’État d’Israël : chaque fait antisémite en France fait écho et vient conforter l’axiomatique sioniste.

[...] Suite de la contribution dans le livre L'invisible de la rue Vaucouleurs

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